Sept ans en Afrique occidentale : la côte des esclaves et le Dahomey

Contenu

Titre

Sept ans en Afrique occidentale : la côte des esclaves et le Dahomey

Date

1885

Créateur

Bouche, Pierre

Source

Type

monographie imprimée

Sujet

Aucun thème, mais passage intéressant.
Dispositifs d'accueil

Description

Bouche, Pierre (1835-1903), Prêtre, membre de la Société des missions africaines.
L'abbé Bouche introduit son récit.
L'abbé Bouche est reçu par le Yevogan, vice-roi de Ouidah.
Rôle Interprète.
Usages.
L'étranger chez les nègres.

contenu

P.14 : « Dès min arrivée à la côte des Esclaves, j'écrivais à mon jeune frère, qui faisait alors ses études : « les livres te montrent le noir toujours courbé, sous le fouet, toujours prêt à se jeter sur ses maîtres, insociable, étranger presque à tout sentiment humain. Ce noir, je ne le vois pas ici : c'est le noir des colonies, arraché violemment à son pays, à ses parents, mené comme une brute, avili sous le joug. Ici le noir est chez lui ; et, même au milieu des abaissements et de la dégradation inhérents à l'idolâtrerie, il conserve, empreints dans son caractère et dans ses habitudes, les signes non équivoques de la dignité humaine. Il vit avec ses semblables ; il a sa religion et son culte ; il a ses prêtres, son roi, ses chefs, etc. »
La vérité s'imposait à moi, lorsque je traçais ces lignes : le nègre ne me paraissait pas vil et méprisable, comme le présentent les récits de certains voyageurs et les systèmes des anthropologistes. Nous sommes hélas ! Habitués à voir le nègre à travers le prisme des préjugés méprisants. On l'a ravalé dans l'opinion ; on a accumulé sur son compte tant d'idées fausses, absurdes, révoltantes, qu'il est presque impossible de reconnaître l'homme en lui.
Etudions-le de près, dans ses usages et dans ses institutions, et nous verrons combien il est injuste de l'exclure de la grande famille humaine. »
P.67 : « Dès que nous sommes arrivés chez le yévogan, un de ses serviteurs nous a accueillis à la porte, et nous a immédiatement introduits dans la cour intérieure, où le chef reçoit les visites. Là, il a reçu de nous la canne que nous tenions à la main ; nous l'avons chargé d'offrir nos hommages au cabécère, et de lui maifester notre désir de le voir. « Dis lui, ai-je ajouté, que je viens lui présenter ce Père, arrivé depuis peur de jours de la terre des blancs ». Le serviteur, nous ayant présenté des chaises, a disparu dans l'intérieur, emportant nos cannes. Il est revenu bientôt, nous a salués de la part de son maître et nous a priés d'attendre. Il ne rapportait pas nos cannes, ce qui voulait dire que nous allions être admis. Le yévogan n'a pas tardé à paraître, accompagné de deux des siens et suivi d'une jeune fille armée d'un éventail. Lui-même portait nos cannes ; il nous les a rendues après nous avoir donné une poignée de main à chacun, puis nous invitant à nous assoir, il s'est étendue sur une natte posée à terre. »
P.68 : « Généralement on ne parle que par interprète au yévogan et aux autres chefs : c'est une rubrique du cérémonial des reception dont on a de la peine à s'affranchir. Les chefs sont entourés d'espions qui, de la sorte, entendent tout ce qu'on dit. De plus, l'interprète adoucit dans sa traduction les mots durs ou blessants de l'interlocuteur étranger. Les indigènes seuls parlent directement aux chefs en langue du pays. Si un blanc converse avec eux autrement que par interprète, ce n'est jamais que dans l'intimité et en l'absence d'espions. »
P.69 : « L'usage du pays veut que l'on ne reçoive pas un ami sans lui offrir à boire : l'étiquette exige que l'ami ne refuse point. En offrant, celui que l'on visite a soin de montrer qu'il n'a aucune mauvaise intention ; refuser serait avoir l'air de se défier ; dans le style et les usages du pays, ce serait presque dire à son hôte « qui sait ? Peut-être veux-tu m'enpoisonner ». Le yévogan donc à fait porter à boire et nous avons bu. Voici comment les choses se sont passées : un serviteur est arrivé, tenant à la main un plateau sur lequel étaient trois verres, une bouteille d'eau et un flacon de gin. Après avoir posé le plateau, il a versé de l'eau dans un verre ; puis il a passé cette eau dans les deux autres verres, de manière à lui en faire toucher les parois intérieures, et il a bu l'eau. Il nous disait à sa manière : « Voyez ! Ni l'eau, ni les verres ne cachent la mort. » Servant ensuite de l'eau à tous, il nous mettait en demeure de nous prononcer nous mêmes. Ne pas boire eut été un signe de défiance dont le yévogan aurait eu le droit de se formaliser. »
p.400 : « Voici les principes sur lesquels sont basés les relations du Dahomey avec les blancs :
1° Les blancs n'entrent au Dahomey que par pure tolérance.
2° Ils n'en peuvent sortir sans la permission du roi ou des chefs, et après s'être fait ouvrir les chemins par eux.
3° Nul ne s'établit dans le royaume qu'avec la permission expresse du roi
4° On n'est pas libre de circuler à l'intérieur à moins de s'y être fait autoriser. 5° Quinconque veut se livrer au négoce doit se faire ouvrir les chemins POUR LE COMMERCE ; les autorités se réservant toujours le droit de les lui fermer, quand bon leur semblera.
6° Les négociants ne sont pas libres d'acheter les produits du pays dont l'exportation n'a pas été approuvée. On leur défend de vendre certaines marchandises, l'étoffe du roi, par exemple. Il y en a d'autres qu'on ne leur permet pas de vendre en détail, le droit de les détailler étant un privilège réservé aux gens de l'endroit.
7° Quelques fois la valeur de certains produits exotiues varie, de telle sorte que le négociant est obligé de hausser notablement ses prix. Ce changement de prix, si bien motivé qu'il soit, expose à des palavres et à de fortes amendes.
P.403 : « En terminant, qu'il nous soit permis de déplorer l'influence pernicieuse des blancs au Dahomey. En s'adonnant à la traite, ils ont rendu nécessaire la chasse à l'homme. N'est-ce pas la traite des nègres qui a fait du monarque dahoméen un roi brigand, et de ses sujets une bande de pillards ? Il est temps de traiter les noirs en hommes. Cessons de les considérer comme une race inférieure et maudite. Ils ont leur dignité, leurs lois, leur droit : respectons-les. Le noir a sa place dans la grande famille humaine : nous avons eu le tort de l'en exclure ; qu'il n'en soit plus ainsi désormais. »

annotations

L'auteur remit en cause les préjugés diffusés en Europe sur les Africains. Il se place clairement contre la traite. Montre un point de vue différent à un moment où les préjugés négatifs sont largement admis.
Description du cérémonial d'accueil des étrangers par le Yévogan, avec un certain nombre de rites de salutations.
L'abbé Bouche décrit ici le rôle fondamental dans l'interprète dans les rencontres avec les chefs africains. Ils ne peuvent converser sans lui.
Description du cérémonial lié à la boisson. Outre le fait d'offrir à boire à son invité, ce cérémonial sert à prouver que les deux protagonistes peuvent se faire confiance.
À la fin de son ouvrage, l'abbé bouche relate les règles strictes auxquelles sont soumis les étrangers au Dahomey. Les blancs sont accueillis sur ce territoire mais n'y sont pas libres de leurs mouvements.
Dernière phrase de l'ouvrage. L'abbé Bouche se place clairement contre la traite et dénonce le rôle des européens.

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